La commune de Trescléoux avait sollicité l’an dernier le SMIGIBA au sujet d’une canalisation d’eau potable traversant la Blaisance. Celle-ci était en effet menacée lors du passage des crues car elle était affleurante. Un seuil maintenait le profil en long de la Blaisance (niveau du fond du lit) mais présentait également de nombreuses dégradations. Le seuil était fortement affouillé, c’est à dire qu’il n’avait plus de fondations et reposait dans le vide.
Seuil amont fortement dégradé par affouillement de ses fondations Seuil aval proche de la canalisation d’eau potable avant travaux
Le maintien du seuil n’était donc pas possible en l’état. Le SMIGIBA a donc orienté la commune vers un projet d’enfouissement de la canalisation et d’effacement du seuil. Par ailleurs un autre seuil, situé 250 m en amont présentait les mêmes caractéristiques et dégradations que le seuil de la canalisation.
L’effacement du seuil aval entraîne une évolution de la pente du lit de la rivière et risquait d’entraîner à terme le seuil le plus en amont ainsi que les berges de la rivière. C’est donc une opération globale qui a été retenue par la mairie de Trescléoux de protection de la canalisation d’eau potable et de restauration de la rivière. L’objectif du projet était donc triple:
- Protéger la canalisation d’eau potable durablement
- Limiter le risque d’accident lié à la dégradation des seuils en les effacement
- Restaurer la continuité écologique
La restauration de la continuité écologique consiste à effacer les seuils bloquant pour le transit des sédiments (c’est à dire le charriage des matériaux et des sédiments) mais également pour la circulation piscicole. Les deux seuils concernés par le projet étaient des points de blocage problématique sur ces aspects. C’est pourquoi l’agence de l’eau a reconnu l’intérêt écologique du projet et accompagné à hauteur de 80% de subvention la commune.
Le SMIGIBA a été le maître d’œuvre de la commune en réalisant les dossiers réglementaires, la concertation avec les propriétaires riverains, les dossiers de subventions et le suivi du chantier.
Le protocole de travaux en rivière est assez complexe, en effet pour la bonne réalisation des opérations il est nécessaire d’intervenir hors d’eau. C’est également une obligation réglementaire pour la protection des milieux aquatiques. Une pêche électrique de sauvetage des poissons a donc été réalisée préalablement à la dérivation du cours d’eau.
Pêche électrique avant travaux Poissons pêchés dans la Blaisance (Truites fario)
Une fois la dérivation réalisée, les travaux de démontage des seuils ont pu être engagés. Le lit a été creusé pour enfouir à – 3 m la canalisation d’eau potable. Par la suite, les berges ont été protégées par des techniques mixant le génie civil (pose d’enrochements) et le génie végétal (réalisation de fascines). Les fascines consistent à implanter en force 2 rangées de pieux de 2m en pied de berge entre lesquelles sont mis en fagots des branches de saules. L’objectif est à terme que les branches de saules s’enracinent et jouent le rôle de stabilisation de la berge. La constitution de la fascine assure la protection de la berge les premières années en attendant l’implantation des saules.
Tranchée d’enfouissement de la canalisation d’eau potable battage de pieux pour la réalisation des fascines
Les berges ont été protégées sur un linéaire total (rive droite et gauche) d’environ 100 m sur chacun des seuils. Le lit a été refaçonné en injectant des galets et retrouvera un écoulement plus naturel après le passage des premières petites crues. Ces travaux vont faciliter la circulation des poissons et des sédiments et redonneront un aspect plus « naturel » au cours d’eau.
Protection des berges en enrochements Réalisation des fascines de saules