Ce 31 janvier, le SMIGIBA avait convié les riverains du Grand Buëch à la Faurie pour une balade commentée sur les digues du village. L’idée était de discuter du projet d’aménagement porté depuis 2 ans par le SMIGIBA sur le terrain. Retour sur cet après-midi d’échanges le long du cours d’eau avec Véronique, du bureau d’études Kairos : le récit de l’après-midi est complété par des paroles de riverains mises en exergue.
Pour alimenter la discussion, les riverains étaient venus nombreux. Le SMIGIBA était représenté par son président, sa directrice et l’ingénieur en charge du projet. La Communauté de communes Buëch Dévoluy, qui contribue largement au financement du projet était représentée par son président, la maire de la commune de la Faurie était présente également, ainsi que les services de l’État en charge des risques (DDT 05). Le bureau d’études Ameten exposait le volet technique et le bureau d’études KAIROS participait au dialogue.
« Tant qu’on ne dégrade pas le paysage, parce qu’en haut à Saint Julien tout a été saccagé… »
A l’origine, les digues furent conçues pour favoriser la submersion des terres en RD lors des crues, enrichir les sols en limons et les rendre cultivables. A cette époque, la digue comportait des brèches pour orienter le débordement vers les terres. Ensuite la digue a été consolidée en continu pour faire obstacle à l’inondation et limiter l’impact des crues sur les cultures.
Aujourd’hui, on constate que le Buëch s’est enfoncé (phénomène d’incision), ce qui engendre des érosions et a notamment entraîné la déstabilisation des berges et des digues existantes. Par ailleurs, l’incision généralisée du Grand Buëch, et plus spécifiquement dans la traversée de la Faurie, a induit un abaissement de la hauteur d’eau lors des crues.
« Les calculs en bureau, je n’y crois pas, il faut vivre ici pour voir comment agit le cours d’eau. Aujourd’hui ça déborde sur Saint-André avec la digue, alors sans, tout le terrain sera inondé »
Dans la plaine des Levas, la modélisation hydraulique a démontré l’absence de rôle de protection des digues pour des crues de type centennale et en deçà. Cela signifie que pour les crues importantes, même en l’absence des digues, la taille du lit du Buëch suffit à faire passer l’eau sans débordement.
« L’état des ouvrages est dégradé : on voit les rochers qui servaient de fondation, il y des arbres et de la végétation dont les racines viennent fragiliser la cohérence de la structure des digues ».
Le projet propose un élargissement du lit pour améliorer le fonctionnement du cours d’eau et lutter contre les dysfonctionnements actuels (incision, érosion), en supprimant la digue en RD qui n’apporte plus de protection contre les inondations. Les inondations des habitations impactées dans le quartier Saint-André sont principalement dues au débordement de l’Aiguebelle.
Question : « Si vous supprimez la digue, cela veut dire que le pin sera supprimé et qu’il n’y aura plus d’arbres ? »
Réponse : « En rive gauche la végétation ne sera pas supprimée et en rive droite les arbres et ligneux qui se trouvent sur la digue seront supprimés, mais la pente douce qui sera créée sera végétalisée. Des espèces à croissance rapide comme les saules vont prendre plusieurs mètres en deux ans. «
Le choix d’aménagement va dépendre de la solution retenue au niveau du pont Saint- André pour avoir une cohérence de largeur d’écoulement depuis la plaine jusqu’au pont.
Question : « : Qu’allez-vous faire du canal d’arrosage ? »
Réponse : « Il est actuellement positionné en arrière de la digue et sera conservé et intégré au projet. A la hauteur de sa capacité, il pourra contribuer à évacuer l’eau pour protéger les maisons de l’inondation» au niveau du pont Saint-André. «
Le pont de Saint-André a été emporté par l’inondation de 1954 et reconstruit avec une largeur de cours d’eau de l’ordre de 14m (inférieure à la largeur précédente) qui constitue un obstacle à l’écoulement au-delà d’une crue supérieure à la Q50 (crue qui a une chance sur 50 de se produire chaque année sur la base de notre connaissance des débits du Buëch). Les quartiers Saint-André, de la mairie et du Mardaric, sont inondés par l’Aiguebelle et très peu par le Buëch.
« L’état des ouvrages est dégradé : on voit les rochers qui servaient de fondation, il y des arbres et de la végétation dont les racines viennent fragiliser la cohérence de la structure des digues ».
3 scénarios de travaux sont étudiés :
- Scénario 1 : L’effacement d’une partie de la digue des Levas en amont sur 650ml avec l’ouverture de la berge en pente douce en RD. La réfection de la digue en aval sur 750ml (et son entretien annuel).. C’est le scénario le plus coûteux ;
- Scénario 2 : L’effacement d’une partie de la digue des Levas en amont sur un plus grand linéaire, avec l’ouverture de la berge en RD. La réfection de la digue sur 200ml en aval avec la création d’une contre-digue (150ml) dans les champs pour protéger les maisons en RD (quartier Saint-André) ;
- Scénario 3 : L’élargissement du lit au droit du pont permet l’effacement de la digue des Levas en amont et celle de la mairie (en conservant la digue de Mardaric jusqu’au pont de Seille). Cela implique d’élargir le pont à une portée d’environ 40m, ce que les services de l’Etat vont étudier. C’est la solution la plus efficace pour améliorer l’écoulement du Buëch (réduire l’incision et l’érosion) et assurer la protection contre l’inondation. Cela implique d’assurer au lit du Buëch une largeur d’environ 30m (au lieu des 15m actuels) depuis la plaine de Levas en effaçant les digues et en déplaçant le chemin d’accès aux parcelles agricoles situées sur la plaine des Levas et en aval du pont.
Mme la Maire affirme son opposition au scénario 2. Elle souligne que le pont de Saint André est dégradé et constitue un point noir du projet.
« L’évènement récent sur Risoul et Guillestre suite aux fortes intempéries du 30 novembre nous oblige à réfléchir à la réfection du pont et son élargissement, comme une solution qui semble la plus pertinente et la plus pérenne ».
Au niveau de la confluence avec le ruisseau d’Aiguebelle en aval du pont, la canalisation d’assainissement qui traverse le cours d’eau constitue un seuil qui limite l’enfoncement du lit juste en aval du pont. En aval, le lit s’est fortement enfoncé et cela a créé une chute d’eau (voir photo) juste avant la confluence avec l’Aiguebelle.
Le projet prévoit le maintien de la digue en RG jusqu’au pont de Seille. En RD le lit sera élargi, avec des berges en pente douce et la confluence de l’Aiguebelle sera ainsi améliorée. Dans le cadre de la réflexion sur la station d’assainissement, la canalisation sera déplacée (elle est apparente et donc fragilisée).
La présence de la traversée du pipeline de trans-éthylène en amont au niveau du village et en aval au niveau du stade constitue un autre élément à traiter dans le projet, qui est en cours de discussion avec l’exploitant.
« Tous les linéaires de digues devront être entretenus avec notamment le nettoyage des arbres qui peuvent fragiliser l‘ouvrage (avec leurs racines). »
En aval du pont de Seille (Pré la Chèvre, city-stade, stade de foot et camping), au début de la digue de Mardaric, une brèche s’était déclarée dans le parement de la berge : en 2002 elle a été comblée : 20 ans après, avec l’incision qui s’est poursuivie, la fondation de la digue apparaît à nouveau et un risque de rupture apparaît montrant que ces travaux ne sont pas pérennes (coût d’environ 300 000 € pour la commune).
« Au niveau du City-stade actuel, il existait autrefois un accès facile, même en vélo, à une plage où nous venions nous baigner. Aujourd’hui c’est impossible d’y accéder la berge est très abrupte »
Avec le temps, le cours d’eau s’est déporté sur la rive gauche et vient fragiliser la digue du Mardaric (les rochers qui constituaient la semelle sont maintenant apparents).
Le projet prévoit de reporter le cours du Buëch vers la rive droite en élargissant le lit en amont et en aval pour maintenir le Buëch dans un tracé plus naturel et surtout en protégeant la rive gauche et la digue. En aval du pont de Seille, le projet prévoit l’effacement de la digue du Pré de la Chèvre (RG) sur 250 à 350 ml et de la digue de l’Isle (rive droite) sur environ 500m.
Question : « Et qu’en est-il de la passerelle actuelle située au niveau du camping ? »
Réponse : « La passerelle existante sera supprimée du fait de l’élargissement du lit mais un autre projet sera défini plus en aval dans le cadre de la rénovation du hameau d’Agnielles et de son accès. »
Quelle feuille de route pour la suite de l’étude ? Nous sommes en attente de la position du Département sur les modalités de réfection du pont Saint-André qui va conditionner le choix du scénario. Si cette solution est retenue, il reste encore quelques ajustements à trouver pour les accès aux parcelles pour finaliser le projet et préciser toutes les détails techniques et établir le chiffrage des coûts.
Nous nous retrouverons donc à l’automne pour la présentation finale du projet retenu.
« Je n’étais pas convaincu par votre projet mais c’est vrai, on voit bien que le Buëch s’enfonce, depuis des années et ça crée des problèmes ». En voyant ici l’enfoncement du cours d’eau, ça fait changer de perspective. »
Prochainement le SMIGIBA reviendra vers les riverains et exploitants concernés par le projet pour échanger sur les modalités foncières. En effet, toutes les emprises foncières du projet feront l’objet d’une acquisition et d’une indemnisation pour les exploitants.