Le SMIGIBA est porteur du Programme d’Actions de Prévention des Inondations (ou PAPI) d’intention depuis juillet 2017. Celui-ci prévoit une multitude d’actions afin de mieux connaitre les aléas et les enjeux liés au cours d’eau, d’améliorer la gestion des crues, de sensibiliser sur les risques d’inondations et de crues torrentielles, de gérer les écoulements et les protections et enfin de définir la vulnérabilité. Ce dernier point prévoit, entre autres, de diagnostiquer la fragilité des écosystèmes et/ou des espèces face à des perturbations qui pourraient être causées par un projet, des travaux, une catastrophe naturelle, etc., le long des cours d’eau gérés par le syndicat. C’est la vulnérabilité environnementale. Mais comment faire ? Éléments de réponse avec Adeline Bizart, la géomaticienne du SMIGIBA.
Les Systèmes d’Informations Géographiques (SIG) permettent de représenter graphiquement des informations possédant des coordonnées cartographiques. Elles sont donc représentées précisément. Ces informations peuvent être de natures diverses : lignes représentant un cours d’eau, point représentant la présence d’une espèce, surface représentant un secteur où effectuer des travaux, etc. Les possibilités de représentations sont nombreuses.
Le SMIGIBA et d’autres structures travaillant également sur le territoire comme le Conservatoire d’Espaces Naturels PACA (CEN PACA), le Conservatoire Botanique Nationale Alpin (CBNA), etc., relèvent depuis plusieurs années des données SIG. Parmi ces données, on retrouve des pointages d’espèces. C’est-à-dire un relevé (ou point) des coordonnées GPS de l’endroit précis où une espèce (faune ou flore) a été rencontrée. Ces pointages représentent une première entrée de vulnérabilité environnementale : ils mettent en avant des secteurs où plusieurs espèces sont présentes (hotspot de biodiversité) et des secteurs paraissant moins « riches ». Mais attention, l’absence de données ne signifie pas l’absence de l’espèce, mais plutôt que pour une raison ou pour une autre elle n’a pas été détectée sur ce secteur (absence d’inventaire, espèce présente mais non contactée, etc.) ! Regardez la cartographie obtenue grâce à ces pointages, après homogénéisation et traitement des informations :

Certaines espèces de la carte précédente sont protégées à différents niveaux : départemental, régional, national, européen. Ce statut oblige à avoir une attention particulière à leur encontre du fait des lois qui les protègent. Pour cibler ces espèces, on applique un filtre affichant uniquement les espèces protégées et on additionne le nombre de protection (par exemple : 3 = cette espèce est protégée par 3 niveaux de protections différents.).

Visuellement, il est maintenant plus rapide de localiser la présence d’une espèce sur un secteur donné, qu’elle soit protégée ou non. Cependant, la multitude et la superposition des points fait perdre de la qualité d’information…
Pour palier cet aspect, on crée une grille de 1 000 m de côté recouvrant le territoire d’action du SMIGIBA, afin de garder une vision globale tout en conservant un confort de lecture de la carte. Il est possible d’avoir une échelle de lecture plus fine et de réduire la maille de la grille à 100 m par exemple ou à l’échelle communale. Ensuite, on compte le nombre de pointage dans chaque carré de la grille et on crée un nuancier de couleurs en fonction de ce nombre. La carte qui en découle est plus facilement lisible sur la densité des points présents. En séparant les espèces faune, les espèces flore ou en ne faisant figurer que les espèces protégées, on accentue encore plus ce gradient.
Carte 3 : Traitement à la maille 1000 m des données générales sur la faune sur le territoire d’action du SMIGIBA (Source : SMIGIBA, CBNA, Natura 2000, ONF, OFB, Silene, CEN PACA, associations, bureaux d’études) Carte 4 : Traitement à la maille 1000 m des données sur la faune protégée sur le territoire d’action du SMIGIBA (Source : SMIGIBA, CBNA, Natura 2000, ONF, OFB, Silene, CEN PACA, associations, bureaux d’études) Carte 5 : Traitement à la maille 1000 m des données générales sur la flore sur le territoire d’action du SMIGIBA (Source : SMIGIBA, CBNA, Natura 2000, ONF, OFB, Silene, CEN PACA, associations, bureaux d’études) Carte 6 : Traitement à la maille 1000 m des données sur la flore protégée sur le territoire d’action du SMIGIBA (Source : SMIGIBA, CBNA, Natura 2000, ONF, OFB, Silene, CEN PACA, associations, bureaux d’études)
L’objectif de l’étude cartographique réalisée dans le cadre du PAPI était de diagnostiquer la vulnérabilité environnementale présente le long des cours d’eau gérés par le SMIGIBA. Sur nos précédentes cartes, beaucoup d’informations paraissent donc inutiles ici. En réalisant une zone tampon autour des cours d’eau, modulée en fonction de leurs nature (principal, secondaire, tertiaire), on optimise les informations contenues dans la carte (d’après l’objectif à atteindre !). Regardez la différence :
Carte 7 : Vulnérabilité de la faune au niveau du Buëch et de ses principaux affluents Carte 8 : Vulnérabilité de la faune protégée au niveau du Buëch et de ses principaux affluents Carte 9: Vulnérabilité de la flore au niveau du Buëch et de ses principaux affluents Carte 10: Vulnérabilité de la flore protégée au niveau du Buëch et de ses principaux affluents
Plus une carte contient de l’information, plus elle est difficile à lire et plus il est difficile d’en tirer des conclusions. Ces dernières cartes semblent donc plus pertinentes. Si un secteur est concerné par une crue ou des travaux, il est facile de le recouper avec ces cartes de pointages d’espèces et ainsi connaître la vulnérabilité environnementale de la zone.
Mais attention … il est primordial de réaliser des inventaires complémentaires pour toute intervention sur un secteur pour créer, compléter ou mettre à jour la liste des espèces présentes. Les cartes sont des outils de communication et de compréhension très puissant mais elles restent figées à la date de leur création. Or la vulnérabilité environnementale peut évoluer !
L’étude cartographique réalisée n’a pour l’instant traité que les données de présence « faune » et « flore ». D’autres aspects, tels que les trames verte et bleue, les habitats naturels, l’occupation des sols, etc. pourraient être pris en compte pour améliorer la qualité et la finesse de ce diagnostic. Il sera donc à affiner et à compléter pour faire partie d’un projet plus global poursuivi par le SMIGIBA : l’observatoire du territoire.