Cet article a été rédigé suite au comité départemental de gestion de l’eau du 4 août 2022.
Les orages survenus dans les nuits du 17 au 18 août ainsi que du 18 eu 19 août ont probablement changé la donne, cependant, il faut veiller à rester vigilant.
Un débit des cours d’eau historiquement bas :
Les différentes mesures du débit du Buëch à l’amont de Serres qui ont été réalisés entre le 28 juillet et le 4 août, que ce soit par les services de l’État, les agents d’EDF ou les agents du SMIGIBA font état d’un débit de l’ordre de 900l/s (litres par seconde), ce qui est historiquement bas.
Le débit de la Méouge à l’aval des gorges a été mesuré à 61l/s début août, ce qui est là également historiquement bas.
Le niveau de crise promulgué par arrêté préfectoral
Suite au comité de gestion de l’eau du 4 août 2022, le bassin versant du Buëch est placé en situation de crise au titre de la sécheresse jusqu’au 30 septembre 2022. Les principales restrictions qui s’imposent sont les suivantes :
- réduction de 50% des prélèvements d’eau agricoles et interdiction d’irrigation de 9H à 19H (pour les situations dérogatoires, reportez-vous à l’arrêté préfectoral consultable ci-dessous);
- interdiction totale d’arrosage pour les particuliers et les collectivités locales, sauf pour les jardins potagers et les terrains d’honneur des collectivités pour lesquels un arrosage réduit au strict nécessaire est toléré de 19H à 9H; l’arrosage des greens de golf est interdit;
- le remplissage et la mise à niveau des piscines et des spas privés sont interdits.
Pour prendre connaissance du détail des mesures de restriction et de leur application, vous pouvez télécharger l’arrêté préfectoral ci-dessous :
Pour la partie amont de la Méouge, située dans la Drôme, et le Rosannais – bassin versant de l’Eygues -, c’est l’arrêté préfectoral pris par la préfecture de la Drôme qui s’applique :
La baignade compromise
L’eutrophisation à l’œuvre
La baisse du niveau des cours et le réchauffement des eaux ne permettent plus de diluer efficacement les rejets des stations d’épuration. Le taux de matière organique présent dans les eaux augmente, la quantité d’oxygène dissous diminue : c’est l’eutrophisation du cours d’eau. Des algues vertes se développent en grande quantité, les espèces piscicoles et astacicoles d’eaux fraîches telles que la truite fario ou l’écrevisse à pieds blancs sont en danger.
Ce phénomène est également préjudiciable pour la baignade. Dans les gorges de la Méouge, elle est désormais interdite par arrêté municipal jusqu’au 19 août 2022 inclus :
Une activité qui impacte le milieu
En été, la baignade est une activité incontournable. Dans les gorges de la Méouge, sur le Buëch ou sur de petits torrents, c’est un vrai plaisir. Mais la baignade peut aussi avoir des effets négatifs sur le milieu naturel, particulièrement lorsque les cours d’eau sont au plus bas.
Aussi en cette période de sécheresse historique, ayez les bons réflexes :
- marchez le moins possible dans les cours d’eau et particulièrement dans les ruisseaux et les petits torrents,
- éviter de faire des barrages en galets qui limitent la circulation des poissons et favorisent le réchauffement des eaux, ou démontez les en quittant la rivière,
- limitez l’usage de la crème solaire au strict minimum (préférez l’utilisation de tee shirts de baignade par exemple).
Le parc naturel régional des Baronnies vous propose une plaquette d’information à ce sujet :
Toutes les activités humaines sont impactées
L’agriculture :
L’agriculture est la principale activité consommatrice d’eau sur notre bassin versant (et la première activité économique également). Dès le début de la saison, conscients des risques de sécheresse, les irrigants ont réduit leurs prélèvements et au cours de la saison, ils ont été parfois amenés à devoir faire des choix entre les différentes cultures à arroser. Les impacts en terme de production et d’économie seront connus en fin de saison, mais ils seront vraisemblablement élevés.
Pour faire face à cette situation, la préfecture des Hautes Alpes a pris un arrêté le 13 juillet pour diminuer temporairement le débit réservé* du Buëch à l’aval de la retenue de Saint Sauveur de 900 l/s à 600 l/s.
* le débit réservé est le débit laissé à la rivière à l’aval d’un barrage ou d’une prise d’eau
Malgré cette baisse inédite du débit réservé du Buëch, la baisse du lac du Riou et du lac de Lazer ont contraint les irrigants à mettre en route les pompes de Lazer, qui permettent de prendre de l’eau dans le canal de la Durance pour alimenter les réseaux d’irrigation par aspersion du sud de la vallée.
L’alimentation en eau potable
Si l’alimentation en eau potable est pour l’instant globalement garantie sur le bassin versant, certaines communes incitent à des réductions de consommation car le risque de coupure existe. Des hameaux ont même du être alimentés par camions citernes sur certaines communes.
La pêche en rivière
A l’initiative du SMIGIBA, la Fédération départementale de la pêche et les AAPPMA de la vallée ont appelé leurs adhérents à limiter leur pratique et à ne plus pêcher les torrents sur l’amont du bassin versant, afin de préserver la faune piscicole en souffrance (le manque d’eau et le réchauffement importants des eaux sont préjudiciables à la faune aquatique).
Les sports d’eau vive
Sur le Buëch, les professionnels du canyoning, alertés par le SMIGIBA, ont convenu de diminuer leur pratique pour limiter le piétinement des torrents, qui servent de refuge à la faune aquatique en période de sécheresse.
Des milieux naturels mis à rude épreuve
Comme on l’a vu les usages de l’eau sont soumis à de lourdes restrictions, que ce soit pour l’irrigation agricole, l’alimentation en eau potable ou les usages récréatifs.
Les milieux naturels souffrent également durant cet épisode de sécheresse historiquement intense et long. Une des manifestations principales de cette dégradation est l’eutrophisation des cours d’eau, qui se traduit par le développement d’algues vertes filamenteuses sous l’effet conjugué de la hausse de la température de l’eau, la baisse de la quantité d’oxygène dissous et l’augmentation de la concentration en matières organiques. Certaines espèces telles que la truite fario ou l’écrevisse à pieds blancs pâtissent de ces conditions et des mortalités ont déjà été observées dans certains secteurs.
Au-delà de l’eutrophisation, la raréfaction de l’eau impacte l’ensemble de la faune et de la flore, et si les conséquences sont difficiles à prévoir dans le détail, on peut craindre qu’elles soient importantes et durables.
Une situation délicate sur tout le bassin versant de la Durance
Le bassin versant du Buëch n’est malheureusement pas le seul territoire impacté par la sécheresse, c’est toute la région PACA et plus largement la France entière qui sont concernés. Sur le bassin versant de la Durance, le mois de juillet a été particulièrement sec et chaud. Des arrêtés préfectoraux sécheresses de niveau alerte, alerte renforcée et crise couvrent tout le bassin versant.
Les débits entrants à Serre-Ponçon sont de l’ordre de 31 m³/s et la cote de Serre-Ponçon au 9 août est à 765,20 m NGF et poursuit sa baisse d’environ 1 mètre par semaine (la cote minimale touristique minimum pour le maintien des activités estivales entre le 1er juillet et le 31 août est de 775 m NGF).
La production hydroélectrique Durance-Verdon a été réduite de 60 % depuis le début de l’année compte-tenu du déficit hydrique et de la prise en compte des enjeux multiusages.
Téléchargez le bulletin info sécheresse Durance du 11 août 2022 édité par le SMAVD ci-dessous pour un point précis sur la situation (et rendez-vous sur le site du SMAVD pour consulter les précédents bulletins) :