Comme ce fut le cas sur le torrent de Maraize en 2021, le SMIGIBA va conduire un important chantier d’arasement d’iscles sur la Chauranne. Explications préalables aux travaux.
Chauranne : un lit qui s’enfonce et des iscles qui se végétalisent
Globalement le lit de Chauranne est en incision (on parle d’incision d’une rivière pour évoquer l’enfoncement important et généralisé du fond de son lit). Lors des crues de 2019, un pont sur Chauranne s’est effondré uniquement à cause de l’enfoncement du lit (les fondations ont progressivement été mise à nue et perchée de la pile du pont…).

La pile du pont de St-Pierre est également affouillée.



Le lit de Chauranne est historiquement « en tresses » (la rivière se divise en plusieurs bras ou chenaux, du fait de la masse importante d’alluvions arrachés aux versants en période de crue et charriés par la rivière), tout au moins sur certains tronçons (ressemblant à celui du Buëch mais en plus petit…). Aujourd’hui la tendance globale est à « la chenalisation » de la rivière, il ne reste plus qu’un seul chenal d’écoulement.
Cela est notamment dû au reboisement des versants qui limitent l’érosion des versants et diminuent la quantité d’alluvions charriés par Chauranne, mais également aux protections de berges qui limitent l’érosion latérale. De ce fait, les crues s’étalent moins sur la largeur du lit et cela entraîne une augmentation des vitesses d’écoulements de l’eau en période de crue, ce qui amplifie les érosions sur les berges.
Les iscles se retrouvent perchés par rapport au fond du lit. Les matériaux constituants les iscles sont donc de plus en plus difficilement remobilisable lors des crues. La végétation colonisant ces bancs de graviers continue de croître et leur système racinaire contribue à figer ces ilots. Cette configuration est aujourd’hui difficilement réversible naturellement, ce qui justifie cette intervention.
Les principales conséquences de ces phénomènes :
L’incision du lit d’une rivière a plusieurs conséquences dommageables aussi bien sur les biens humains que sur la biodiversité. Sur Chauranne on peut noter :
- un risque accru de déstabiliser les ouvrage d’art, les ponts principalement;
- une accentuation des érosions de berges, notamment par la fermeture du milieu liée à la végétation;
- un perte de biodiversité : pertes d’habitats généralisées pour la faune aquatique (poissons, roche mère affleurante contribuant à la chute des populations d’invertébrés aquatiques…).


Des iscles qui s’incrustent
Pour rééquilibrer cette situation, le syndicat va engager une campagne d’intervention mécanique sur une quarantaine d’iscles environ. Ces travaux vont consister à :
- Broyer mécaniquement la végétation colonisant certains iscles (intégralement ou « en bande »…). Il s’agit principalement de jeunes sujets, de strates arbustives;
- Scarifier ou « sous – soler » les galets constituant les iscles à 1 m de profondeur dans l’objectif de les décompacter et d’optimiser leur remobilisation lors des prochaines crues;
- Dans certains cas, des chenaux de redynamisation seront réalisés au sein des iscles (une tranchée réalisée à la pelle mécanique pour optimiser la reprise des matériaux lors des crues). Ces chenaux ne seront pas mis en eau artificiellement. L’objectif étant qu’il se mettent en eau naturellement lors des futures crues.


La partie aval de Chauranne concernée
Il est prévu d’intervenir sur 39 secteurs ce qui représente une surface totale de 3,4 hectares de broyage. La surface qui sera scarifiée est d’environ 2,4 ha. Il est prévu d’aménager 9 chenaux de redynamisation. Ces chiffres ne sont pas encore définitifs.
- Limite aval de la zone de travail : amont du pont de la Garenne (commune d’Aspremont)
- Limite amont de la zone de travail : aval du lieu- dit « les Abriès » (commune de St-Pierre d’Argençon).
Les cartes des secteurs d’interventions sont consultables ci-dessous.
Des travaux autorisés par arrêté préfectoral
Le SMIGIBA est une collectivité locale, qui œuvre au bénéfice de l’intérêt général. Aussi, pour pouvoir conduire ces travaux sur un cours d’eau privé (seul le Buëch relève du domaine public fluvial sur une grande partie de son cours), une déclaration d’intérêt général a été réalisée. Elle a été approuvée par arrêté préfectoral en juin 2022. Des conventions ont été signées avec les propriétaires riverains concernés par les travaux.
Des impacts paysagers ponctuels mais un bénéfice écologique global
Ces travaux sont relativement impactant sur le plan paysager après travaux (ouverture importante au niveau du milieu du lit, transformation du paysage…) et peuvent paraître impactant sur le plan environnemental, mais ils participent à la redynamisation de la rivière et à la préservation d’un milieu favorable pour la faune aquatique.
Ils sont réalisés en période automnale pour respecter au maximum le calendrier écologique (hors période de nidification, hors période de fraie pour les poissons, et hors période « végétative »…).
Pour tous renseignements complémentaires, vous pouvez contacter Cyril RUHL, technicien rivière au SMIGIBA, en charge des travaux, au 06 84 78 75 37 ou par mail : cruhl.smigiba@orange.fr