La confluence Drouzet – Petit Buëch à un siècle d’écart
Suite de notre voyage dans le temps et le paysage : les coteaux de Chateauvieux ou à la recherche du point de vue perdu
Nouvelle photo, même méthode ! Cette fois-ci, une photo des archives départementales avec une vue dégagée sur le Buëch au niveau de sa confluence avec le Drouzet semblait augurer un point de vue sympathique, relativement facile d’accès et riche d’évolutions à analyser.
La photo portait clairement l’indication du lieu de prise de vue « 21 Fi 494: Torrent de Combe-Rouge avant travaux. Vue sur la confluence du Drouzet et du Petit-Buëch (au fond) ». Problème: aucun torrent dit de « Combe rouge » dans le secteur de la confluence du Drouzet sur les cartes IGN actuelles. La photo laissait malgré tout peu de place au doute et c’est sur le coteau de Chateauvieux que se sont concentrées les recherches.
En recoupant les éléments visibles à l’image et leur hauteur relatives à l’image, un ensemble de parcelles sont retenues. Pour maximiser la visibilité, la recherche du point de vue sera faite en hiver (les feuilles ne gênent pas la vue).
Problème une fois face au coteau, il n’est pas du tout déboisé: une forêt de reboisement du RTM y a été implantée (on comprend alors tout de suite le sens de l’expression « avant travaux »…). Après quelques péripéties (constituées d’aubépine, genévrier communs et autres sympathiques épineux), le point de vue est enfin localisé….derrière un bosquet de pins.
Nous vous prions donc de nous excuser pour le décalage opéré dans cette prise de vue et qui empêche la parfaite concordance des 2 clichés.
Ceci étant dit, le point de vue sur la plaine des Savoyons et la confluence Buëch – Drouzet depuis Chateauvieux rassemble différents éléments caractéristiques de l’évolution des paysages dans les Hautes-Alpes entre le XIXe siècle et aujourd’hui.
A l’aide de votre souris ou de votre doigt sur un mobile, faite glisser la barre blanche verticale à droite ou à gauche pour découvrir l’une ou l’autre des photos de la plaine des Savoyons et de la confluence Buëch- Drouzet.
Fin XIXème début XXe siècle
Le paysage était presque complètement ouvert. La plaine était largement occupée par des champs cultivés de part et d’autres du Buëch et du Drouzet. Ces zones de culture remontaient sur les coteaux jusqu’à une altitude assez importante. De manière générale, les coteaux (comme celui au premier plan) étaient relativement dégarnis avec quelques arbres dispersés. Aucune activité industrielle n’est visible.
Seul le réseau routier marque dans le paysage une certaine urbanisation. La route de Veynes à Gap est visible au pied du coteau de Chateauvieux.Celle de Barcilonette s’enfonce dans la vallée du Drouzet.
Les quelques villages sont relativement discrets dans le paysage: les Savoyons (centre arrière plan) et les Paroirs (à gauche, sortant de la crête de Serre d’Oriol.
La confluence du Buëch et du Drouzet était peu végétalisée. Le tracé du Buëch est bien visible sur le cliché. Sa linéarité montre que les digues étaient déjà en place à cette époque.
Le coteau de Chateauvieux présente des traces de glissement. La marche visible à gauche délimite une zone de départ. Le manque de végétation souligne les effets de ruissellement et d’érosion à l’œuvre dans ce secteur.
En 2021
Malgré une végétation dégarnie par l’hiver, le paysage apparaît comme nettement plus fermé. Dans la plaine, des haies se sont développées le long des canaux d’irrigation et chemins. Les zones de culture ont cédé leur place par endroit à des forêts. Les activités agricoles se sont concentrées dans le fond de la vallée.
Les coteaux ont été reboisés en partie par le RTM.
Les activités humaines sont plus perceptibles. Les hameaux des Paroirs et des Savoyons se sont étendus le long des axes routiers. De nouvelles routes ont été créées dans la plaine.
De plus, de nouvelles activités se sont développées. Des hangars d’entreprise de BTP et d’évènementiel ont été installés à proximité des digues du Buëch. Une zone d’activité s’est établie le long de la route reliant Veynes à Gap.
Les abords et le lit des rivières se sont végétalisés. Le Buëch n’est plus visible dans sa partie endiguée.
Le coteau à l’avant plan est maintenant totalement boisé. Les traces de glissement et d’érosion ont disparu.