Des orchidées à foison sur le bassin versant
Chaque année, la fin du printemps – mai et juin – voit émerger de terre de rares et protégées créatures. Le bassin versant du Buëch s’offre les couleurs et la délicatesse de nombreuses espèces d’orchidées : plus d’une vingtaine sont facilement observables pour tout œil curieux et pour tout cœur sensible à leur délicate rareté.
Des contreforts de la Montagne de Lure, à hauteur de Sisteron, à ceux du Massif du Dévoluy, les membres de la famille des Orchidaceae, riche de 150 espèces en France et de 25 000 dans le monde (Cribb P. & Govaerts R. 2005), se rencontrent dans différents milieux, souvent sur sols calcaires, allant des prairies sèches du Laragnais, aux forêts de feuillus du nord du bassin en passant par les bords de route.
L’Ophrys mouche, Ophrys abeille et l’Ophrys bourdon, dont les fleurs sont censées ressembler aux pollinisateurs et les attirer, l’Orchis singe, l’Orchis pyramidale, l’Orchis homme-pendu et l’Orchis bouc peuplent la plupart des prairies sèches, accompagnant d’autres espèces adaptées à ces milieux chauds et secs comme les Genêts, les Orobanches, l’Aphyllante de Montpellier, le Thym, les Lavandes etc.
Les fleurs d’un rose-violet de l’Orchis pourpre et l’Orchis moucheron peuvent aussi être rencontrées dans des milieux chauds et secs mais pas toujours, elles peuvent aussi habités des milieux plus communs comme les bords de route bien exposés à la lumière.
Lorsque la lumière cède sa place à l’ombre, l’humidité gagne en présence et d’autres orchidées sauvages sont potentiellement observables. La Listère à feuilles ovales et la Néottie nid-d’oiseau ont pour particularité de n’arborer qu’une seule couleur. Si la Listère est entièrement verte, la Néottie est brune car dépourvue de chlorophylle, la molécule permettant de vivre par le biais de la photosynthèse, et se doit donc de parasiter une espèce pour pouvoir accomplir son cycle de vie. Peut aussi être observé le groupe des Céphalanthères, composé de trois espèces : la Céphalanthère à longues feuilles, la Céphalanthère blanche et celle rouge. Enfin, peuvent être rencontrées des espèces appartenant au genre scientifique Dactylorhiza pas toujours faciles à identifier précisément.
Le groupe des Epipactis peut quant à lui être observé tantôt près des cours d’eau avec l’Epipactis rouge sombre voire l’Epipactis des marais et, qu’en prairie sèche l’Epipactis à larges feuilles.
En prenant de l’altitude, c’est le célèbre Sabot de Vénus qui peut être croisé en forêt, tandis que l’Orchis de mai et l’Orchis sureau préfèrent peupler les alpages et autres prairies d’altitude, espèces souvent plus visibles dans l’est des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence.
Sensibles aux changements environnementaux, de nombreuses espèces d’orchidées ont vu, en France, leurs populations perdre en effectifs ces dernières décennies (Vogt-Schilb H. et al. 2015). Protégées au niveau national, leur cueillette est interdite pour éviter de fragiliser davantage leurs populations et de constater, par la suite, des extinctions locales de certaines espèces.
Sources :
Cribb P. & Govaerts R. 2005. Just how many orchids are there? In: Raynal-Roque, A Roguenant, Prat D (eds) Proceedings of the 18th world orchid conference, March 11–20, 2005, Dijon, France. Naturalia, Turriers, F, p.161-172. Vogt-Schilb H. et al. 2015. Recent declines and range changes of orchids in Western Europe (France, Belgium and Luxembourg). Biological Conservation. 190. p133-141. Un article rédigé et illustré par Sylvain Grimaud, stagiaire au SMIGIBA.